Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le journal d'Herminien
15 juillet 2005

Pas prêt

Premier mai 2003. J'attends C., qui avait des choses à me dire et souhaitait que nous nous voyions. L'appel téléphonique de la veille m'avait paru étrange, à vrai dire inquiétant. On frappe à la porte, et voilà C. avec un brin de muguet. On passe rapidement aux choses sérieuses. Le bouquet est un bouquet de rupture. Je demande à C. les raisons de celle-ci. "Je ne suis pas prêt" me répond-il. Après une liaison de plusieurs mois, où nous sommes partis en vacances plusieurs fois ensemble, avons échangé nos amis, présenté nos familles, et tutti quanti, je lui rétorque que j'ai du mal à comprendre son explication. Et pose des questions très précises (du genre : "t'as quelqu'un d'autres ?", "c'est sexuel ? c'est une lassitude ?", "j'ai fait quelque chose qui t'a déplu ?", etc...). Rien... C. n'est pas prêt, a du mal à se reformer depuis une liaison précédente. C. me demande qu'on reste "copains". Oui, oui, "copains" : on partage tout avec celui qu'on aime pendant des mois et il faut qu'au bout du compte on devienne "copains" après une rupture unilatérale dont la justification demeure obscure et laconique... Je garde ma contenance, je souris quand il repasse la porte de l'appartement. Je m'effondre ensuite. Sa décision me laisse le goût amer de l'incompréhension et de l'inachevé. "Tout silence est fait de choses que l'on n'a pas dites" fait écrire Marguerite Yourcenar à Alexis dans Alexis ou le traité du vain combat. Puis, sans doute parce que c'est ce que sais faire de mieux, je lui écris une longue lettre...
Réponse deux jours plus tard.
"Tant de questions, dois-je y répondre ? Quelles réponses peuvent te permettre de comprendre mon "désengagement" ? Qu'y a-t-il à expliquer si ce n'est ce que je t'ai dit jeudi : je ne suis pas prêt (...) Je suis aujourd'hui encore incapable de répondre aux questions de ta lettre. Quand j'en serai capable, sera-t-il utile de le faire ? Ou nous "serons en phase", ou nous ne le serons pas".
Après plus d'un an de déprime, confinant parfois à la dépression, je me suis dit, voici quelques mois, qu'il ne valait plus la peine d'attendre le moment où nous saurions si nous étions "en phase".

Publicité
Publicité
Commentaires
Le journal d'Herminien
Publicité
Archives
Publicité