Bibliothèque

Les lumières se sont allumées sous les voûtes à armatures métalliques de la bibliothèque. Les plafonds me font penser à un grand coquillage ; ou plutôt à deux palourdes renfermant la clé des songes. Les lampes, sur les tables de bois vernis, éclairent les visages. Je recherche celui de l’autre soir, je recherche son sourire, adressé entre deux moments de lecture profonde. Je recherche ses petites lunettes de myope. Je ne sais pourquoi les hommes à lunettes m’inspirent. Il a les mains diaphanes. Il fait chaud. Les stylos glissent et les crayons crissent. Des livres claquent en se refermant. Des froissements de papier signalent le brouillon qui bouillonne, ou l’erreur. Les sacoches de cuir se font plus rares ; la vulgaire toile noire qui renferme les ordinateurs portables les remplace, souvent. Je retrouve l’antichambre des rêveries. Je retrouve les reliures épaisses. Je retrouve ces ouvrages qui ont circulé de mains en mains, ces précieux ouvrages qu’on voudrait posséder, mais qu’on ne peut pas.