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Le journal d'Herminien
11 novembre 2007

Chroniques romaines

« Je n’ai jamais été à Rome », écrivait Julien Gracq dans Lettrines 2, et il poursuivait : « Un jour ou l’autre me verra bien sur ses chemins, puisqu’il paraît que tous y mènent, mais qu’y trouverai-je ? ». C’est cette même interrogation qui a traversé mon esprit lorsque nous avons décidé de nous y rendre, après le séjour que le « maître-chats » et moi avions effectué à Florence au mois d’avril. Jusqu’alors, j’avais sans doute craint qu’elle ne fût qu’un musée, un amoncellement de ruines antiques, de palais et de beautés baroques, parmi un fouillis de rues médiévales aux pavés déchaussés et les immeubles plus modernes que la croissance urbaine liée au statut de capitale d’un jeune État-nation avait fait naître. Il y avait peut-être, avant que ma curiosité pour la ville ne s’éveille progressivement à mesure que ma vie n’avance, l’appréhension du trop plein et de la pesanteur de l’Histoire.

Mais je n’aurai finalement pas attendu, comme Julien Gracq, l’âge de 66 ans pour découvrir Rome. La parcourir accompagné de qui j’aime, lequel est un fin guide et connaisseur, allait donner un parfum tout autre à cette découverte. Il y eut d’abord le plaisir de retrouver l'Italie, qui, pour nous, évoque presque toujours d’exquises délices, et comme un air de connivence entre elle et nous, entre nous en elle ; le plaisir d’entendre la langue italienne aussi, quoiqu’on entendît beaucoup parler en français, nos compatriotes s’étant bousculés à Rome en ces vacances de la Toussaint. Il ne sera pas question d’écrire une sorte de compte-rendu de voyage ici – car je n’en ai ni le temps, ni l’envie – mais de livrer quelques impressions à propos de quelques thèmes déclinés en plusieurs articles.

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La Rome des places et des placettes avec fontaines, auxquelles, le plus souvent, aucune rue importante ne conduit, fut un de nos parcours. Notre hôtel était situé à quelques pas de celle de Trevi, toujours envahie par une foule de touristes parmi lesquels il n’était pas très facile de se faufiler (Rome ce sont aussi ces multiples groupes battant le pavé, que des guides conduisent en arborant leur parapluie compact comme un étendard, essaims que l’on cherche à éviter autant qu’il est possible). Si ni le « maître-chats » ni moi n’imitâmes Anita Ekberg, nous cédâmes à la tradition en jetant une pièce dans le bassin par dessus de notre épaule, avant de quitter à la ville. Nous regrettâmes que la fontaine de la place Navone fût en grande partie cachée par les échafaudages et les toiles de protection de travaux de restauration. En revanche, nous pûmes demeurer de longs moments devant la fontaine des Tortues, la plus élégante de Rome, sur la place Mattei : c’est sous les éclairages et dans le silence de la nuit qu’elle nous a le plus charmé, quoique le grand jour permît d’en apprécier autrement quelques détails.

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« Vieillards à barbe de fleuve, dauphins, tritons, naïades, chevaux marins, hippocampes, s’ébrouant, recrachant, éclaboussés, douchés, arrosant et arrosés, mènent sur les places de Rome un sabbat aquatique inopiné, dont les photographies de la ville – faute du bruitage, si décisif dès qu’il s’agit de l’eau – ne donnent qu’une piètre idée. (…) La gesticulation baroque ne s’accomplit vraiment qu’ici, quand la roche liquide, livrée en toute frénésie à sa danse de Saint-Guy, vient relayer devant les églises et les statues le mouvement figé de la pierre indocile. » (Julien Gracq, Autour des sept collines)

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